Accorder des pianos et être libre comme l’air! Est-ce possible?
Même si le métier d’accordeur de piano semble lourd à cause des outils à traîner chez le client, il est possible d’utiliser que l’essentiel d’outils et de pratiquer son métier avec sa famille en itinérance et en roulotte.
Un couple du Nord de la France fait exactement ça!
Voici un article de Julien Rapegno du journal « Le Populaire »
Un voyage en roulotte bien accordé à un idéal de liberté et de sobriété
Au pas de ses comtoises, l’accordeur de piano et d’accordéon a débuté sa traversée de la Creuse. Rencontre avec un artisan itinérant sans itinéraire fixe, mais bien déterminé au niveau du choix de vie.
Le meneur de chevaux de trait sait déjà que la traversée de la Creuse s’annonce animée. Les deux juments comtoises et la roulotte font un effet bœuf aux vaches dans les prés : « Elles se mettent à galoper dès que notre attelage apparaît. Cela dit, nous avons traversé la Normandie, alors ce ne sont pas des limousines qui vont nous perturber », sourit Fred.
Halte chez les copains du cirque Plein d’air ( et plein d’herbe)
L’atelier-roulotte est parti de Lille il y a un peu plus d’un an et a traversé l’ouest de la France. Fred, Chloé, et leur petit Sacha, deux ans, ont notamment sillonné la Bretagne intérieure : « C’était l’une des régions que nous voulions découvrir et nous n’avons pas été déçus ».
Après la Brenne, le voyage a pris un tour plus corsé : « Nous avons suivi les gorges de la Creuse à partir d’Argenton et ce sont nos premiers reliefs un peu sévères ». Roxy et Alezane, les deux comtoises, tirent un attelage de deux tonnes. Le premier contact avec la roche dure du Massif central est plutôt encourageant, surtout quand c’est Crozant qui joue les portes d’entrée. Roxy et Alezane ont suivi les panneaux vers Saint-Germain… Beaupré.
Une autonomie financière assurée par l’accordage de pianos et d’accordéons
Halte chez Joseph et Anne, les fondateurs du Cirque Plein d’air, qui avaient rencontré Fred dans le Nord il y a quelques années : « Quand on s’arrête quelque part, nos hôtes nous signalent parfois un pré accueillant un peu plus loin sur notre parcours », explique le roulottier. Le voyage n’a pas de destination précise :
nous voulons passer par le Lot et le Périgord, ensuite nous verrons bien. Nous restons plutôt sur l’ouest, où le relief est plus doux.
Le carburant de ce périple familial, outre l’herbe grasse pour les juments, c’est le boulot de Fred, accordeur de pianos et d’accordéons : « J’exerçais déjà à Lille et ça fonctionne plutôt bien en itinérance, par bouche à oreille. Les clients m’appellent et si ce n’est pas trop loin, j’y vais en vélo. Sinon, ils viennent me chercher à la roulotte. » Pour se faire connaître, Fred joue parfois aussi de la musique sur les marchés. Ses tarifs non exorbitants lui assurent aussi une bonne clientèle.
Cette activité offre sa liberté à la petite famille, qui n’a pas demandé à bénéficier des minima sociaux. Les roulottiers ne roulent pas sur l’or : « mais on n’a pas de loyer, pas de factures, peu de besoins », résume Fred. L’accordeur a consacré un an à la construction de la roulotte, « ensuite nous nous sommes initiés à la conduite de l’attelage durant deux mois ».
Voyager avec des chevaux provoque la rencontre |
Pas de frigo mais un poêle, de l’eau et des toilettes sèches, un panneau photovoltaïque… la roulotte-atelier est juste un peu moins confortable qu’un camping-car dernier cri. Et elle n’est pas contrainte de stationner sur les aires dédiées : « Partout, ça se passe très bien. Voyager avec des chevaux, ça provoque des rencontres . L’accueil le plus froid, nous l’avons reçu du côté de Loches, en Touraine, où il y a encore des Gens du voyage qui circulent avec des chevaux. D’une commune à l’autre, l’accueil peut être très différent. »
Fred et Chloé ont quitté le Nord pour « découvrir la France rurale ». Cette année de voyage les a déjà comblés « On a croisé plein des gens qui étaient dans les alternatives, qui vivent dans des lieux autogérés, des vignerons qui font du vin naturel…»
Pour l’heure, Fred met le cap sur La Souterraine où il doit récupérer sa petite famille, avant de poursuivre la traversée de la Creuse : « On a prévu de passer par Bénévent-l’Abbaye, Bourganeuf et on a envie de voir le lac de Vassivière et Felletin ». Au bout du voyage, il y a peut-être un petit coin d’herbe où Fred et Chloé se diront, comme une évidence : c’est là, nous sommes arrivés.
Julien Rapegno
L’atelier roulotte Accordage de piano et de violon. Tel : 06.17.40.16.81. http://atelier-roulotte.com